Accabadora de Michela Murgia
Résumé :
Dans un petit village sarde, la vieille couturière, Tzia Bonaria, accueille chez elle Maria, « cédée » bien volontiers par une veuve d’humbles origines. Elle offrira à sa « fille d’âme » son métier et des études, choix audacieux pour une femme dans cette Sardaigne des années cinquante.
Maria grandit entourée de soins et de tendresse; mais certains aspects de la vie de Tzia Bonaria la troublent, en particulier ses mystérieuses absences nocturnes. Elle ignore en effet que la vieille couturière est, pour tous ses concitoyens, l’ accabadora, la « dernière mère ». Le jour où ce secret lui sera dévoilé, sa vie sera définitivement bouleversée et il faudra bien des années pour que la « fille d'âme » arrive enfin à pardonner à sa mère adoptive.
Dans une langue poétique et essentielle, Michela Murgia décrit les plis et replis les plus intimes du rapport très singulier unissant la vieille Tzia Bonaria et la jeune Maria, dans une Sardaigne atemporelle, aux us et coutumes fascinants.
Année de parution française : 2011
Titre VO : Accabadora
Genre : Contemporaine
Mon avis :
Accabadora est un roman court assez particulier, puisqu’il traite d’une « coutume » ou « culture » ancienne de la Sardaigne.
L’action se passe au siècle dernier essentiellement dans un petit village Sarde, ou nous suivons Maria, une fillette de six ans (au début du roman), qui vient d’être « vendu » comme fillus de anima à Tzia Bonaria, officiellement couturière. Je dis officiellement, car si Maria s’acclimate très vite à sa nouvelle vie, elle découvre très vite que sa mère d’adoption, s’absente parfois la nuit, et qu’elle lui cache quelque chose.
L’écriture de ce roman est très agréable, voir même poétique, même si je trouve que parfois, certaines parties ont été survolées, je pense sincèrement, que l’auteur aurait pu approfondir la partie « romanesque », sur les personnages, sur les choix que Maria allait devoir faire, à la fin du roman.
J’ai vraiment aimé ce livre, qui traite d’un problème d’éthique encore très délicat, et encore soumis à discussion à notre époque, à savoir l’euthanasie. Ce roman refait remonter à la surface, des questions que chacun peut se poser, et si ça nous arrivait, que ferions-nous ? L’auteure fait le choix de ne pas trop développer le sujet, ce qui pousse le lecteur à faire le chemin du raisonnement, et à se poser les bonnes questions. Je trouve qu’il a traité ce sujet avec pudeur, et c’est appréciable.
De plus, il m’a permis de découvrir une culture que je ne connaissais absolument pas.
Accabadora est un livre que je ne peux que vous recommander, pour son thème fort et grave, ainsi que pour la culture qu’il peut apporter à chacun.
Morceaux choisis :
« Nous sommes bien mère et fille... mais nous ne sommes pas une famille. Si nous étions une famille, il n’y aurait pas eu d’entente entre vous... c'est-à-dire, je crois que c’est vous, ma famille. Parce que nous sommes plus proches. »
« Quand s’achève le deuil, Tzia ?
- Quelle question ... le deuil s’achève quand s’achève le chagrin.
- Alors on prend le deuil pour montrer son chagrin...avait commenté Maria, croyant avoir compris.
- Non, Maria. Le chagrin est nu. Le noir sert à le couvrir, non à l’exhiber. »
Ce roman a été publié aux Editions Points en 2012.
Ma note : ♪♪♪♪